Chant de guerre cosaque
Chant de guerre cosaque
A mon père
Vierge, tes cheveux noirs dépassent ta ceinture,
Ton visage est plus blanc que la neige en janvier;
Mais j'aime mieux les crins sanglants de ma monture,
Mais j'aime mieux l'écume au mors de mon coursier.
Ta main est bien légère à mon cou, quand je frôle
Ta robe, je sens naître un frisson sous ma peau;
Mais j'aime mieux le poids des armes sur l'épaule,
J'aime mieux le baiser palpitant du drapeau.
Femme, l'éclat des cieux habite tes prunelles
Et je frémis partout où ton regard me suit;
Mais j'aime mieux encor les fauves étincelles
Des fusils dont les feux se croisent dans la nuit.
Oui, tu me donnerais ton âme tout entière,
Tu pencherais sur moi ton front tranquille et blanc,
Que je préfèrerais une victoire altière
Et la mort d'un héros sur le tertre sanglant!
Chants d'Aurore, 1886.