Une nuit j'ai rêvé...
Une nuit j'ai rêvé...
Une nuit, j'ai rêvé longtemps que j'étais morte.
Des fleurs, toujours des fleurs sur mon sein et ma porte
Entr'ouverte au soleil que je ne voyais pas.
Une nuit seulement la langueur du trépas,
Plus douce mille fois que le sang et les sèves,
Comme un berceau moelleux a balancé mes rêves.
Je ne regrettais rien, pas même le printemps,
Pas même les chansons, les rythmes éclatants
Qui vibrent dans mon coeur avec leur jeune force;
Pas même les rameaux fendant le rude écorce
Du vieux chêne joyeux de leur fraîche vigueur.
Je ne regrettais rien, rien que mon propre coeur,
Son désespoir de battre, et l'amour et la peine
Qui le font déborder comme une coupe pleine.
L'âme sereine, 1896
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