Chante quelque vieille ballade!
Chante quelque vieille ballade!
Chante quelque vieille ballade
Où pleure un pauvre coeur malade
Du délicieux mal d'amour,
Et cette moelleuse eurythmie
M'emplira l'âme d'accalmie
Et me bercera tout le jour.
Chante quelque vieille romance
Où pleure une douce démence
Et, languissamment à mi voix,
D'une grande et lointaine époque,
Ainsi qu'une ombre pâle, évoque
Quelque triste amour d'autrefois.
Quelque amour si désespérée
Que pour toujours on l'ait pleurée,
Si profonde qu'on en soit mort;
Et que, dans ces douleurs anciennes,
S'assoupissent enfin les miennes
Comme un enfant qu'un chant endort.
Chante donc la chanson amie
Qui m'emplit l'âme d'accalmie
Et dont je rêve tout le jour;
Ah! chante la vieille ballade
Où pleure un pauvre coeur, malade
Comme le mien du mal d'amour.
Chants d'Aurore, 1886.