Hélène Vacaresco

Hélène Vacaresco

Le silence

Le silence

 

Tout être porte en soi le pieux sanctuaire

Où des bonheurs perdus l'entretiennent tout bas,

Ah! n'effleurez jamais ce tombeau solitaire

Qui cache sa douleur; ah! ne l'éveillez pas!

 

Si vous soyez parfois qu'un pur regard se voile

Du désenchantement des avenirs lointains,

Ne troublez pas ces yeux qui cherchent une étoile,

Et pleurent doucement sur tant d'astres éteints.

 

Pourquoi porter la main téméraire, indiscrète

Sur tant de maux cachés que rien ne peut guérir?

Pouvez-vous rappeler ce que l'homme regrette!

Pouvez-vous le bercer? Pouvez-vous l'endormir!

 

Vous qui fouillant du coeur les tristes hécatombes,

Croyez en les sondant consoler nos douleurs,

Songez que le silence est le bienfait des tombes

Et qu'à l'endroit qu'on foule il ne croît pas de fleurs.

 

Chants d'Aurore, 1886.



08/10/2012
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