Journée d'automne
Journée d'automne
Pâle comme on l'est à notre âge
Après avoir longtemps rêvé,
Du banc que le tilleul ombrage
Vous vous étiez soudain levé;
Sous la voûte du ciel atone
Vos yeux bruns suivaient attendris
La chute des feuilles d'automne,
Image des espoirs flétris;
Tout était doux comme un sourire,
Triste comme un dernier regard
Dans le bois, que faisait bruire
Le vent, cet éternel fuyard.
Au couchant, des rougeurs de lave
Mouraient, et nul n'a dû me voir
Lorsque j'ai passé, lente et grave,
Près de vous dans ce sentier noir.
Pourtant qui me rendra ta gloire
Et ton enivrement subtil,
Jour gris, plus cher à ma mémoire
Qu'un jour ensoleillé d'avril?
Chants d'aurore, 1886.
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