Hélène Vacaresco

Hélène Vacaresco

Le mois de mai

Le mois de mai

 

Le devoir et ses lois, le monde et sa folie,

Tout nous sépare et tous veulent que je t'oublie;

On me croit sans désirs, sans regrets, sans espoir,

Et nul ne sait combien je pense à toi ce soir.

Plus que jamais, ma vie est triste et solitaire,

Sans toi, plus que jamais, il me semble sur terre

Ne trouver de repos que dans ton souvenir,

Car je t'aime, et voici que l'hiver va finir,

Voici le mois de Mai dont le nom me rappelle

Mon bonheur fugitif, comme un vol d'hirondelle;

Cette fois les oiseaux s'en reviennent tous seuls

Et les beaux jours passés dorment dans leurs linceuls!

Je souffre - tu ne sais jusqu'où va ma démence,

Je redoute à présent le printemps qui commence,

Je voudrais pouvoir dire aux fleurs de se fermer

Et je voudrais défendre aux amoureux d'aimer.

Mais le monde sourit, personne ne m'écoute;

Les fleurs s'ouvent toujours et parfument la route

Aux amoureux qui vont se tenant par la main,

Et le doux mois de Mai va commencer demain.

 

Chants d'Aurore, 1886.



03/10/2012
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