Hélène Vacaresco

Hélène Vacaresco

O silence, o doux frère...

O silence, o doux frère...

 

Au lac dont la douceur toujours est de se taire,

La lune, aigrette d'or du ciel, s'effile et luit,

Sois doux à ma faiblesse, ô silence, ô doux frère,

Qui me donnes la main, et marche sur tout bruit...

 

Un rien me briserait ce soir, hors ton étreinte.

Le tremble a trop souffert, vois-tu, d'avoir tremblé;

La force de son souffle a flétri la jacinthe,

La plaine au loin gémit sous le poids d'or du blé.

 

Les beaux bras de l'azur qui portaient la lumière

Tombent divinement lassés aux étangs froids;

Avec tout ce qui fut flamme et chaleur plénière

Le soir fait de l'amour et du bleu sur les bois.

 

O silence! le soir fait du triste et du tendre

Avec les plis soyeux de ta robe à ses pieds,

Il fait son ardeur toute avec des voix en cendre,

Et ton haleine avec le sommeil des rosiers.

 

Sois lent à me parler, toi qui sais tant me dire!

Et serre bien tes bras autour de mon destin.

Je te suis... tu prendras le sentier qui soupire

De se tuer là-bas dans le noir du ravin.

 

Le jardin passionné, 1908.



25/11/2012
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