Sur la pente où sont les pruniers...
Sur la pente où sont les pruniers...
Sur la pente où sont les pruniers
Et les cerises,
Nos tristesse deux soirs entiers
Se sont comprises.
Ah! tressons un troisième soir
Nos deux tristesses
Sur qui les cerisiers font choir
Leurs fruits sans cesse.
Le grand berger qui va trouant
L'air de sa flûte
Dormira sur son manteaublanc
De poil hirsute.
On entendra je ne sais quel
Cri d'être en peine,
Et nous verrons tomber le ciel
Contre la plaine.
Nos deux tristesses resteront
Toutes tressées,
Comme les jours partis qui sont
Dans nos pensées
Nos deux tristesses s'aimeront
D'être diverses;
Je fleurirai sur l'abandon
Que tutraverses.
Et nos doigts flotteront, mouillés
Par les cerises
Dont les feuilles des fins pruniers
Se sont éprises.
Le jardin passionné 1908