Ta main
Ta main
Ta main est douce entre mes mains fiévreuses.
Quand tes doigts veloutés se posent sur les miens
Je me sens envahir d'extases amoureuses,
Je me sens enchaîner d'invisibles liens.
Quand je tremble, ta main est là qui me rassure
Et qui m'arme d'espoir contre le sort méchant;
Toute douleur profonde et toute meurtrissure,
Ta main peut les guérir, et rien qu'en les touchant.
Quand je souffre, parfois sa caresse câline
S'égare lentement sur mon front apaisé;
Et mon front, que vers toi ta main pieuse incline,
Rougit ainsi qu'au jour de ton premier baiser.
Son fin toucher me rend la splendeur illusoire
Du passé; je suivrais n'importe quel chemin,
Vers je ne sais quel but, dans une nuit bien noire,
Si je pouvais toujours te tenir par la main.
Chants d'Aurore, 1886.