Vers les tranchées
Vers les tranchées
Je louerai les héros du fervent souterrain,
Souples et forts comme des lames;
Si ma lyre est de fer et mon plectre d'airain
C'est pour ressembler à leurs âmes.
Là-bas où l'âpre argile est mêlée à leurs jeux
Effrayants, divins et funèbres,
Le soleil d'Austerlitz sur leurs manteaux fangeux
Mettrait moins d'or que ces ténèbres.
De l'élan, et du râle, et du grand cri jeté
Et dans l'espace, et dans l'enceinte,
D'autres diront l'horreur, moi je dis la beauté :
Elle seule est auguste et sainte.
Elle est seule, aux remous du bataillon hagard,
A surprendre, dans les mêlées,
Sous la tourmente en feu, sous le fer, le regard
Des Victoires échevelées.
Publié sur Gallica: L'art et les artistes, p. 29, 1905?
Retour aux articles de la catégorie Autres sources -